Le Square des Ursulines

par Sarah Lacombe on 02/12/2012

Le projet se situe sur la jonction Nord-Midi, qui représente un traumatisme de plus d’un siècle pour la Ville de Bruxelles. Reliant deux gares de chemin de fer, cette jonction a provoqué de nombreuses destructions d’habitations et d’espaces publics.

Implantation

(…) Le lieu se trouve sur le premier tronçon du tunnel. Le terrain existant ne présentait guère de valeur urbanistique ou paysagère ; quelques peupliers bordaient le site et quelques buissons couvraient la jonction.

Processus
L’asbl Recyclart est un acteur urbain depuis plus de dix ans. Ses installations ont été gagnées dans les locaux d’une gare devenue inutile à proximité du site. Partant de cette implantation, Recyclart a initié diverses actions et aménagements dans l’espace public.
Recyclart apparaît comme intermédiaire pour les groupes de jeunes (skateboarders, musiciens, danseurs, comédiens, artistes…) auprès des autorités. Pour cette raison, un groupe de jeunes skateurs, le collectifBRUSK (Brussel Skateboarders), interpella Recyclart afin que ce dernier les aide dans leurs initiatives en faveur du skate.

En été 2003, l’IBGE (Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement) s’engage en vue d’un projet d’aménagement d’un espace public de qualité ouvert à tous publics, à caractère sportif, orienté vers le skate, les rollers et le BMX.
Septembre 2003, un concours d’idées est lancé pour tous les jeunes de moins de 25 ans et tous les étudiants des écoles d’art, d’architecture et d’urbanisme.
Fin janvier 2004 ; les lauréats sont désignés : Bjorn Gielen et Floris Steyaert proposent un projet intriguant, constitué de formes simples et efficaces.

Depuis Janvier 2004 , l’Escaut encadre ce projet en vue de sa réalisation.
Recyclart coordonne l’étude et prend en charge le volet social. Plusieurs séances d’information ont eu lieu auprès des habitants et futurs utilisateurs.
L’ouverture du square sera célébrée de façon festive le 30 avril 2006 avec une programmation de démonstration skate, musique, et toutes sortes d’autres activités ouvertes aux habitants jeunes et moins jeunes.

Caractéristiques du projet
Difficulté technique

La portion du tunnel sur laquelle repose le terrain date des années 1930. Sa structure en béton n’a plus été touchée depuis lors ni son étanchéité. Vu le budget limité du projet, (1 million d’euros toutes taxes et honoraires compris) il était hors de question de toucher l’une ou l’autre de ces composantes, ni de rajouter des charges sur le tunnel. De ce fait, le dispositif de remblais s’est inspiré des techniques utilisées dans les infrastructures routières de montagnes : d’énormes blocs de polystyrène haute densité ont été creusés pour aboutir aux formes des rampes et du bowl avant de recevoir la couverture de béton.

La surface totale du site est répartie en différentes zones, et ce, en fonction du sous-sol. Sur le tunnel, s’étend la zone essentiellement minérale qui offre aux skateurs des pentes naturelles ainsi que de longues rampes présentant une inclinaison jusqu’à 45°. Le bowl devient un point de paroxysme au croisement de tous les regards et des pentes en béton. Même encore inachevé, la réputation de ce spot s’est déjà faite à un niveau international, comme un lieu idéal offrant aux skateurs l’occasion de traduire leur culture comme un témoignage d’échange et de communication sociale.

L’épaisseur de terre limitée à 80 cm n’autorise qu’une végétation basse. Associée à des ouvrages de bancs, tables et terrasses en bois d’une même espèce (Robinier), ces ensembles deviennent des zones où tous les publics peuvent s’asseoir et se reposer en dehors des trajectoires des skateurs. Assemblage de matériaux tendres et durs: pierre naturelle, bois, acier pour les figures de skate, amélanchiers… Tous les comportements sont permis. Une fontaine d’eau potable viendra supporter tous les utilisateurs.

Sur les bords du tunnel, un talus de terre impressionnant par son inclinaison à 45°, recevra un assemblage d’arbres à hautes tiges (Robiniers) et de végétation couvrante (lierre montant). Cette dernière est destinée à offrir un matelas de sécurité dans le cas où des skateurs auraient pris trop de risques dans leurs figures acrobatiques.

Scénographie
La force du projet réside dans la mise en scène de toutes les composantes physiques et historiques du contexte.
Un énorme cadre ouvert sur le ciel semble emporter l’univers terrestre dans une dimension aérienne. Il prend la figure d’une fusion symbolique des flux et énergies, passés et présents.
Ce cadre immense est une fenêtre sur un contexte social, culturel et économique en pleine mutation. L’immeuble de logements sociaux apparaît comme une trace de la modernité des années 70, mal vécue aujourd’hui. En même temps, les habitants ne peuvent que revendiquer une position aussi centrale dans la ville. La Chapelle des Brigittines abrite un théâtre, un centre culturel ; une extension a récemment été construite, doublant son infrastructure. Tandis que le Quartier des Marolles est en plein processus de rénovation urbaine significative de création de logements nouveaux et de centres d’entreprises.

Le projet dans son ensemble apparaît donc comme un processus de ré-appropriation de l’espace urbain.
De nuit, l’ensemble de cette mise en scène devient féérique. Sans ajouts d’autres supports de lumière, le grand écran et les outils de l’usage de skate, sont amplifiés par l’intégration de lumières.

 

L’Escaut a été fondé en 1989 par Olivier Bastin, architecte-scénographe, et Micheline Hardy comédienne-metteur en scène-scénariste-réalisatrice.

 

Texte L’Escaut

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